Les lauréats du prix de subvention ECARE pour le premier livre

Après le premier prix de subvention pour le livre d’Isabel C. Gómez, Cannibal Translation: Literary Reciprocity in Contemporary Latin America  (2023), lors de l’édition 2022 du prix, nous sommes ravi.e.s d’annoncer les lauréats des éditions 2023/2024 du prix :

Alexandra-Ecaterina Irimia, Figures of Radical Absence Blanks and Voids in Theory, Literature, and the Arts(2023).

Le livre de la docteure Alexandra-Ecaterina Irimia propose le concept d’« absence radicale » pour décrire une certaine tradition de résistance à l’ontologie, à la prédication et à la représentation, contestant leur dépendance envers la métaphysique de la présence. Construisant son argumentation par le biais d’un montage, le livre est un inventaire annoté de figures textuelles, visuelles et conceptuelles de l’absence. Couvrant différents médias, il révèle une tradition créative qui utilise l’absence non pas comme une catégorie esthétique négative, mais comme un état productif d’indétermination radicale avec sa propre politique et sa propre poétique. Le livre suit un thème et un projet ambitieux de grande envergure et présente une forte orientation interdisciplinaire, avec un engagement soutenu et convaincant envers la théorie critique et la philosophie ainsi qu’avec les domaines littéraires et artistiques. L’étude de « l’absence radicale » soulève des questions essentielles et propose de repousser et de redéfinir les frontières entre les disciplines et les approches méthodologiques.

Jeannette C. Oholi, Afropäische Ästhetiken: Plurale Schwarze Identitätsentwürfe in literarischen Texten des 21. Jahrhunderts (2024).

Le livre de la docteure Jeannette C. Oholi cartographie non seulement une littérature noire européenne transnationale dans son ensemble, mais utilise cette cartographie pour démontrer comment le récit dominant d’une « européanité » enracinée dans la blancheur est – et a toujours été – une chimère. Il aborde ce décentrage, cette déterritorialisation et cette décolonisation de l’européanité à travers le prisme méthodologique du queering – lu et déployé ici comme un acte de subversion radicale des récits dominants. Le livre remet en cause l’hégémonie blanche européenne en plaçant au centre la production culturelle des auteurs noirs d’Allemagne, de France et d’Angleterre ; il considère leurs œuvres comme des produits esthétiques (et non des traités politiques) qui,  travers leurs innovations esthétiques, cartographient les futurs queer – un avenir de « multiplicité radicale » enraciné dans l’esthétique afropéenne. Enfin, le livre défend de nouvelles formes d’études culturelles comparées, une innovation disciplinaire enracinée dans cette multiplicité radicale.